Novembre

Hier il a neigé!... Bon à peine trente minutes, mais il a neigé. C'est ce que je préfère, la fin de l'année, La Samhain, puis tout ce qui s'ensuit et si il neige c'est simplement l’apothéose pour moi.

Il faut dire qu'à Montpellier, ce n'est pas commun, la dernière Neige qui a vraiment tenu et transformé tous les conducteurs en cul de jatte chauffards date d'un mois de Mars bien lointain. A vrai dire c'est l'une des principales raisons pour lesquelles je regrette amèrement ma chère campagne. La vraie neige, celle qui tient longtemps, qui émerveille mes yeux d'enfant et me fait voyager bien loin au delà de la réalité à laquelle on cherche à nous faire croire. Cette glace qui vous gèle le bout du nez et emplie vos poumons d'un air pur et sincère, qui vous fait vous ressentir tout votre être et vous met en corrélation avec la macrosphère. Cette saison que l'on nomme communément la saison morte ou bien encore la période de Noël est ma favorite. Je hais profondément l'été, les grandes chaleurs et les allergies de printemps. Les Celtes marquent le début de l'année au 1er Novembre et c'est bien au mois d'Octobre que je sens que la vie commence au centre de la nature. C'est dans cette période que je me sens le plus vivant, le reste de l'année je suis mort.

A vrai dire je dois être le seul imbécile qui marche le nez en l'air à baver sur l'écorce des arbres plutôt qu'à regarder mes pieds quand je marche. Depuis que je suis tout jeune on m'a beaucoup rabâché que je vivais dans un autre monde. Je me souviens d'avoir imaginer tous les vœux que je pourrait faire si j'avais eu l'Auryn, de tous ces décollages que je faisais du haut de mon immeuble pour m'envoler bien haut dans le ciel, des nombreuses heures que j'ai passé dans le bus, les écouteurs sur les oreilles à imaginer mon univers, à le regarde évoluer, là, sous mes yeux, avant qu'il n'échoue sur de nombreuses feuilles de papiers noircies. Dareen, mon amour, mon ami, mon frère, cet être imparfait et immortel qui à su me réconforter chaque fois que le monde ne m'épargnait pas. Chaque fois que ça faisait mal et que la plaie béante ouvrait ses mâchoires sur le gouffre.

Aujourd'hui encore, je pense que je ne suis pas adapté à une certaine majorité du monde. Je suis ébahi par la beauté qui m'entoure quand d'autres sont trop occupés à s'extasier sur la dernière collection de vêtements sortie ou a pianoter sur leur portable. Je ne dis pas que c'est mal, je m'en fous. Ce qui me rend malade c'est ceux qui te cataloguent bizarre parce que ça ne te touche pas autant qu'eux. Que ça n'a même aucun intérêt pour eux. Ou encore ceux qui se targuent de normes d'hygiène pré-établies par une société misérabiliste et consommatrice et sont outrés que leur prochain -jugé hippie bobo écolo - ne prenne qu'une douche tous les deux-trois jours ou que tu n'ais pas les mêmes critères de beauté qu'eux.

Je pense à ma santé et au bien-être de mon corps et je n'irais pas le noyer sous des flots de fragrances dramaturges, ou bien le lisser sous une couche de pétrole modifiée - gels douches, crèmes aux INCI douteu-x-ses -  afin de m'aligner à une dictature immodérément absurde.

Mais c'est moi le malade? L'inadapté, l’asocial, le décalé... Je vous jure, parfois, je rêve d'inventer la machine à laver les cerveaux. Vous savez, celle qui nettoie tous les dégâts causés par la télévision, les publicités et autres saintes cochoncetés.

MÈRE NATURE

Il y a un peu plus de quinze ans, j'ai fini par m’intéresser à la phytothérapie. Mon père m'en rabâchait les oreilles depuis tout petit, mais j'étais plus ou moins trop jeune pour vraiment en saisir la consistance. Du coup, j'ai appris de nombreuses choses sur le monde merveilleux des plantes, cela suivit bien sur par les réactions et mécanismes de notre corps. Au final, nous effectuons de nombreux rituels inconscients aliénants et complétement acquis par notre propre organisme. A commencer par notre façon de nous nourrir, mais je n'apprend rien à une grande majorité d'entre vous. Je ne m'étendrais donc pas sur ce point. Par exemple, j'ai appris qu'une douche quotidienne passé un certain age (après l'adolescence en somme) abimait la peau et accélérait le processus de relâchement cutané. Votre peau perdra de sa vigueur si vous l'immolez trop souvent sous un jet d'eau. C'est un truc très con auquel on ne pense pas forcément puisqu'on nous a toujours dit: Faut se laver tous les jours pour être propre. 

Hors, la peau est recouverte d'un biofilm, une communauté multicellulaire plus ou moins complexe, l’excès de lavements déséquilibre voire tue à petit feu cette protection naturelle de la peau. Les industries auront beau vous dire qu'ils conçoivent des produits qui respectent l'équilibre naturel de la peau, c'est avant tout une question de douche (et de tensioactifs virulents présents dans les gels douches mais c'est une autre histoire) et se laver trop souvent c'est s'exposer à des infections bactériennes. Alors en plus, si vous êtes sujet à l’eczéma, au psoriasis, à l’herpès et co, je ne vous raconte pas la galère. 

Nous sommes malades, pollués par un mode de vie en contradiction avec ce que nous sommes. Discuter avec des personnes aliénés profondément contaminés par des codes irrationnels et passer pour un fou, ça à de quoi rendre barjot. Surtout lorsque l'on s'évertue à expliquer par A+B la logique profonde de notre raisonnement à grand coup de faits! Tuez moi, tuez moi, par pitié tuez moi, ne me laisser pas vivre dans ce monde avec tous ces fous qui vivent dehors au grand jour! Je ne suis pas blanc non plus, j'avoue même vivre avec de grandes contradictions personnelles, mais je les reconnait et je me soigne. Mais avec cela, je reste l'inadapté. Y a franchement une couille dans le potage, moi je vous le dis!

RE

Bon, j'avoue, j'ai légèrement dévié de mon sujet de base. Nous sommes loin de la neige, de mes doux souvenirs d'enfance à faire des ange de neige à côté du garage de la maison avec mon frangin. Aujourd'hui, je suis dans une phase à mi-chemin entre l'ennui et la latence. J'ai tout mon temps pour assouvir ma soif de savoir maintenant que j'ai fuit le goulag, mais je suis encore insatisfait car je n'en suis qu'à la moitié de la correction de mon roman. J'ai envie de faire des tas de choses, à commencer par reprendre l'écriture de mes autres trames, mes autres personnages me manquent cruellement, j'ai l'impression qu'on m'empêche de les voir. J'ai envie finir mes nombreuses aquarelles non achevées, reprendre mes pinceaux et barbouiller mes grandes toiles de peinture à l'huile ou encore me taper des road trip natures à grand renforts de clics photographiques. Je pense même vendre un rein pour acheter un autre boitier. En attendant la prochaine neige, demain j'irais voir La Marche. Je pourrais rêver alors que l'humanité à encore de l'espoir et que tout le monde n'est pas malade.