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5.9.13



Je reviens de Doyet, à côté de St Angel en Auvergne ou on vient d'enterrer le père de mon beau-père... C'est assez étrange de se dire que l'on ne participe pas à ce genre de commémoration pour le défunt mais soutenir un proche en souffrance qui à vu son père s'oublier dans une longue maladie. On retrouve des gens qu'on avait perdu de vue depuis prés de dix ans et on se souvient vaguement de cette période floue, ... Courant au milieu d'une allée de pommiers d'une douzaine de mètres... Grimpant les escaliers de la vieille maison datant de la fin du XVIIIeme à Blain... Roulant dans l'herbe prés de la grange qui abritait des centaines d'arachnides aussi grosses que sa propre main d'enfant.

En revenant au présent, je glisse une Labradorite dans la poche de mon beau-père avant de partir aux obsèques, il me demande vaguement ce que c'est et je pense qu'il m'écoute à peine. Je ne sais même pas s'il se souvient de ce qu'elle apporte, lui le joaillier incollable sur les pierres et les minéraux... J'ai pensé à Sweet Mnemosyne à ce moment la. 

Papy Tomate fut surnommé ainsi par Alexis, l'un de ses petits fils, car il possédait un vaste terrain de plusieurs hectares dont une partie était largement pourvue de plants de tomates. Je me souviens d'une après midi ou la pluie venait de cesser et ou les odeurs de terre mouillée remontaient à la surface. C'est le parfum que je préfère avec cette sensation d'herbe humide sous la paume de mes mains, quand le soleil peine à percer au travers des nuages encore teintés de leurs nuances grises et charron.
Je relève la tête et je vois le profil de mon beau-père dont le visage fermé me scie en deux. Et cette farce délicate dans cette église aux pierres retapées, sans âme ni fortune, seulement des dorures et des histoires peintes sur le vitrail. Conter des histoires sur le défunt et chanter des louanges qui n'ont pas véritablement existé... Prier, prier, prier, seule la prière peut t'aider. Le Diacre chante le Christ comme la seule porte de sortie de la douleur et de l'âme de Gilbert. Papy Tomate n'était pas parfait, il a fait beaucoup d'erreurs dont certaines qu'il n'a pas prit la peine de réparer avant sa mort.
Alors la vie, visible et vibrante se charge de recoller ce qui peut l'être...  C'est l'Aîné, qui fut renié des années auparavant à cause de ses choix de vie, qui a lu le psaume du Berger écrit par le Roi David dans l'Ancien Testament.

"
23.1
L'Éternel est mon berger: je ne manquerai de rien.

23.2
Il me fait reposer dans de verts pâturages,
Il me dirige près des eaux paisibles.

23.3
Il restaure mon âme,
Il me conduit dans les sentiers de la justice,
À cause de son nom.

23.4
Quand je marche dans la vallée de l'ombre de la mort,
Je ne crains aucun mal, car tu es avec moi :
Ta houlette et ton bâton me rassurent.

[l'Aîné redresse un sourcil circonspect en lisant cette phrase]

23.5
Tu dresses devant moi une table,
En face de mes adversaires;
Tu oins d'huile ma tête,
Et ma coupe déborde.

23.6
Oui, le bonheur et la grâce m'accompagneront
Tous les jours de ma vie,
Et j'habiterai dans la maison de l'Éternel
Jusqu'à la fin de mes jours."

Je découvre que son ex-femme est en fait sa veuve car il n'a jamais voulu divorcer. Elle s'avance péniblement vers le pupitre du Diacre et nous fait un plaidoyer sur le bonheur des souvenirs sur les bêtises des enfants, les tartes aux abricots, les fous rires interminables et sur la nécessité de vivre avec les soupirs de l'existence. Le pardon... Es-ce que l'on peut vraiment le donner sans attendre un geste en retour ? Je le crois. Mais il ne rend pas plus riche. On pardonne ses erreurs au défunt en occultant les blessures suintantes qu'il laisse aux vivants. Parce qu'il est mort, il ne peut plus être fustigé. Il est mort. J'entends encore ce Diacre africain chanter la louange de Dieu et convier l'assemblée à l'imiter, mais je n'y arrive pas. Je lève la tête et mon regard échoue sur le crépis refait, puis glisse jusqu'à cette statue de Jésus rongée par les mites et aux couleurs affadies. Les bras obstinément croisés sur le torse j'échoue à me livrer à leur exercice de style. J'ai fait huit années de catéchisme enfant, je connais la chanson et la glorieuse lumière est tout aussi forte que celle de mon samsung E250.
Le Diacre propose ensuite que chacun vienne sur le cercueil pour bénir le défunt d'un signe de croix ou d'un autre signe de notre choix. J'hésite, ma mère me pousse, ce n'est pas mon grand-père et je ne suis pas là pour lui. Je les regarde tous saupoudrer la boite d'eau bénite avec ce signe plus mortuaire qu'autre chose, éclaboussant au passage les photos de la jeunesse de Papy Tomate. Au dernier moment, je m'avance et trace un 8 sur le bois verni.

Sur le chemin qui mène au cimetière, on échange des plaisanteries. Alexis, qui a bien grandit depuis le jour ou il donnait un petit nom à Papy Tomate, souligne que c'est tout de même un comble que la cérémonie ait été célébrée par un Diacre noir quand ont à connu les petites intolérances raciales dudit Papy. Eric sourit, lui qui a toujours été mono expressif dans l'âme, il vit en Côte d'Ivoire après tout.

Les messieurs des pompes funèbres font une rallonge de la cérémonie. Ne dit-on pas que les adieux qui s'éternisent sont les plus douloureux? La boîte finit par trouver sa place dans le caveau familial et mon beau-père allume sa deuxième clope, raide et les prunelles brillantes. Les fossoyeurs font glisser la pierre l'histoire de Lazare me revient en tête, puis celle de Jésus. J'ai la bête pensée que Gilbert refera surface dans trois jours en disant qu'il à fait une sale blague à ses enfants. Mon esprit tordu est décidément insatiable dans ce genre de moments. Je tourne la tête en direction de mon beau-père encore une fois et je constate qu'il semble être le plus affecté. Il est, du moins, celui qui dissimule le moins sa peine. Je ne la vois pas peinte sur sa figure, mais je la ressens dans mes entrailles. L'Empathie est une sourde fourberie dont j'ai été doté très jeune sans jamais avoir rien signé. Si elle est pratique pour déceler les travers et apaiser les autres, elle n'en demeure pas moins ingérable dans certains cas de figures. J'ai nommé: la peine des gens qui nous sont chers.

Dans la vie, je suis quelqu'un qui se défend de ressentir grand chose. J'ai développé une sorte de pudeur malhabile visant à ne pas montrer à mes proches ce qu'ils représentent à mes yeux. J’appelai ça: protection maximale de moi-même. Ce n'est pas pour rien que mon énergéticienne m'a surnommé IronMan lors de ma première séance dans son cabinet, en référence à ma carapace faite maison ultra sophistiquée. Mais voila, si j'ai longtemps renié ce fait, mon beau-père est plus un père que l'original ne l'a jamais été. J'ai grandis avec lui, il m'a appris beaucoup de choses, nous avons une complicité particulière quand à l'humour douteux... Le voir ainsi m'a déchiré le cœur.




Je sais que la mort n'est pas une fin en soi. Je n'ai pas peur de la mort et je vis assez bien l'idée de mon futur départ, même si j'ai en moyenne une quarantaine d'année pour y penser, si ce n'est davantage. La mort est une fin pour les vivants. La notion selon laquelle nous devons apprendre à vivre sans la présence d'une tierce personne nous est intolérable car elle créer le manque et l'impression de perte. La mort m'a déjà arraché des membres sans jamais m'avoir emmené. C'est toute l'ironie de la perte, elle vous laisse démuni sans prendre la peine de vous achever. On vous dit que le temps fini par apaiser le deuil, c'est une chose plutôt discutable. Mais quand on sait qu'il y a pire que la mort on finit par trouver agréable l'idée que certains aient put sortir de scène avant les autres. Cette mascarade trop cossue qu'on nous à présenté comme "la vie" devient parfois ridicule par son manque de retenue.
Dans un cimetière on en revient souvent à la fameuse question "ma vie, c'est quoi le but? qu'est ce qu'on fout ici? etc?..."

Je veux la liberté, raconter des histoires, aider mon prochain, capturer l'instant présent, voyager... Vivre.

"En quoi es-ce que je crois?"
Je crois au pays de Sidhe, aux expériences de mort imminente, que rien n'arrive sans raison, au lien universel qui unit tous les êtres vivants, à l'énergie, que Jésus était un bon hippie mais que les catholiques sont bien des charlatans, à la décorporation, aux errants coincés entre deux portes qui s'ennuient ferme parmi les vivants et que les bruits que j'entends la nuit ne sont pas systématiquement dus à mes trois chats qui font la foire.

La dernière fois que Sid est venue à la maison nous avons commencé à regarder une série de reportages sur le sujet. Puis au bout d'un moment le sujet à dévié sur les maisons hantées et il a vite filer fumer une clope sur le balcon. Quand je pense qu'a une époque il raffolait de ce genre d'émissions c'est plutôt fun. Qui sait si un jour nous parviendrons à revoir El Orfanato.

Quand j’étais plus jeune mon père m'a raconté qu'il s'était décorporé lorsqu'il avait dix-sept ans. Il s'est vu flotter au dessus de son corps. Je ne l'ai pas cru parce qu'il a toujours eu pour habitude de mentir, mais je sais que c'est un fait qui existe. L'Année de mes onze ans j'ai vécu pas mal de trucs étranges, j'ai vu une forme humaine complétement floue dans un halo blanc et doré en plein jour derrière la fenêtre de ma chambre. Es-ce que j'ai eu la berlue? En tout cas c'est une vision qui m'a profondément marquée, surtout que peu de temps après, alors que j’étais couché dans mon lit mezzanine une main blanche est venue se mettre au dessus de ma couette. J'ai flippé ma race ! J'ai couru dans la chambre de ma mère sans me retourner pour voir si c'était pas elle qui était venue me voir. Elle maugréé dans son sommeil en disant d'aller me recoucher, chose qui était bien sur, hors de question pour moi. C'est aussi l'âge ou j'ai appris réaliser les possibilités de prescience dont le corps humain est capable. On appellera ça, l'intuition. Les scientifiques vous parlerons surtout de rapport au cerveau primaire dont le sixième sens n'est pas éteint dans notre inconscient. C'est à cette même période que mon père m'a refilé les livres "life after life" et "Les grandes énigmes". Si je n'ai jamais ouvert le premier parce que le film avait été réalisé dans la foulée, j'ai par contre dévoré le second: On y cause de réincarnation, de combustion spontanée, de triangle des bermudes et d'EMI...

Je n'ai pas retrouvé les reportages vus avec Sid, mais j'en ai trouvé quelques uns qui expriment différents points de vues sur le sujet.


Quelques années plus tard, mon père m'a donné "La vie des maîtres", un voyage initiatique à travers l'Inde et le Népal en passant par le Tibet. Ce récit est une sorte de pré-quelle au récit de J.Redfield "La prophétie des Andes", sans doute plus accessible au grand public.

Si je ne prend pas ces récits au pied de la lettre, j'en prend le positif et l'allie à ma vision plus celtique de la spiritualité. L'idée du respect de la nature et de vivre en harmonie avec l'équilibre qu'elle cherche à transmettre. Les Celtes ne faisaient pas la différence entre la vie et la mort, comme le jour et la nuit, ces deux états s'équilibrent mutuellement. Comme l'idée du cycle de réincarnation se retrouve dans plusieurs spiritualités, qu'il s'agisse de renaissance physique d'une vie à l'autre, de la vie à la mort ou bien d'un éternel recommencement au travers des saisons qui naissent, meurent et renaissent encore. Dans la religion celte on vénère en majorité la déesse, qui s’unit au dieu cornu avant qu'il ne meure et donne naissance à leur progéniture, qui n'est autre que le dieu Cornu qui renait de nouveau... La nature est matriarcale dans l'esprit des celtes et c'est clair quand on conçoit leur grand respect pour le caractère sacré de la terre. La déesse est l'incarnation de la terre, de la nature pour les celtes. C'est une vision que je partage. Si des religions entières ne parviennent à voir le divin qu'à travers l'image d'un être humain, je suis moyennement convaincu par cette facilité absurde. La nature à sa volonté propre. Même si nous nous acharnons depuis quelques décennies à lui montrer qui c'est qui à la plus grosse, elle à su nous démontrer qui c'est le patron avec quelques petites catastrophes naturelles bien concrètes.

Leurs rituels chamanique des celtes et leur conception de l'animal Totem est une vision partagée avec certaines spiritualités amérindiennes. Toujours dans ce respect de l'équilibre de la nature et dans le partage avec les autres êtres vivants. La notion de remerciement aux animaux qui nous nourrissent et  de modestie face à ce que peut nous prodiguer la terre.

La vérité est aussi au centre des croyances celtes. C'est un pouvoir venu de l'autre monde qui revêt un aspect si mystique qu'elle ne se trouve que dans l'inspiration, la magie, la composition poétique et le voyage initiatique.

Pour en revenir à la Prophétie des Andes, je vous propose de découvrir le film en entier ci dessous pour les plus curieux/curieuses. Pour les grandes lignes, la première vidéo ci-dessous.



Pour ceux et celles qui désirent voir le film en entier, voici la première partie vous avez le reste sur Dailymotion.


La Prophétie des Andes partie 1 par Simm1



Voila ce à quoi on pense quand on poireaute pendant l'office funéraire dans une église froide, avec la vision pénible des proches qui souffrent tout le long de cette convention sociale devenue business et vide de sens.

4 commentaires:

  1. Je ne suis jamais allé à un enterrement. Jamais. C'est curieux, j'en ai pas encore eu l'occasion. Je crois que c'est une expérience que je ne pourrais supporter, je suis trop sensible, empathique, la tristesse des autres me tuerait.
    Rien qu'à lire ton article, je me sens très triste pour ton beau père. On a beau dire "c'est la vie", la perte d'un être qu'on aime ça dépasse toute logique, c'est comme une injustice.

    ===

    Oui, les trucs sur le paranormal ça me fout les chocottes maintenant. J'avoue.
    Toujours à cause de cette hypersensibilité que j'ai développé, la peur autrefois excitante est devenue insupportable car décuplée. C'est chiant.


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    1. ça doit être le troisième enterrement auquel je participe. Suivant le défunt les gens, c'est différent. L'enterrement le plus dur était celui de mon voisin qui s'était fait écrasé par les essieux de sa remorque en voulant la réparer. On a vaguement entendu le cri de son beau-frère qui venait de trouver le corps, mais on a surtout entendu les hélicos et les pompiers débarquer par la suite. A l'enterrement c'est au moment de la mise en terre que la mère de mon voisin s'est mise a pleurer: "mon petit, mon petit..."
      Et son neveu qui lui serrait l'épaule en murmurant: "ne t'inquiète pas... On viendra le voir... on viendra le voir".
      J'avoue que CA, ça m'a déchiré le cœur, de voir cette petite vieille assise sur une chaise devant le caveau familial en train de gémir en tendant les bras vers le cercueil de son fils.

      Après ça, le beau-frère est mort d'un cancer foudroyant quelques mois plus tard.

      C'est la vie dans un certain contexte. Quand on sait que c'est inévitable et que la personne décline lentement. Bien que ça reste dur à avaler une fois le jour venu.

      Quand c'est brutal, que la personne est en parfaite santé, c'est autre chose.

      _

      Peut-être que te confronter à ces programmes serait une bonne chose. Après tout, je doute qu'une crise arrive en plein milieu d'émission. Et si tu as peur de cogiter dans la nuit, pense à l'homme au crackers (y a toujours pire ^^ ). Sinon je te tiendrai la main pour que tu t'endormes ^^

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  2. Ton article était réellement impressionnant, que ce soit tes réflexions sur la mort, les vidéos que tu as choisis, etc. Je suis par ailleurs touchée que tu aies pensé à moi et à mes petites astuces minéralogiques. La mort est quelque chose d'à la fois brutal, effrayant, apaisant, et inéluctable, et chacun l'expérimente de la manière qui lui paraît le plus supportable. Je n'ai pas peur de la mort en elle-même qui m'apparaît surtout comme un grand vide, mais j'ai peur de l'absence qu'elle provoque. C'est sûrement cette idée de séparation qui effraie.

    En tout cas, les enterrements procurent toujours de nombreuses sensations souvent étranges, et je trouve que tu captes bien ce mélange d'impressions souvent contradictoires.

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    1. L'idée que dans la mort on trouve les réponses est assez plaisant. C'est avec ces témoignages d'EMI que je parviens à trouver du positif dans la mort. Mais aussi et surtout parce que l'après ne m'effraie pas. C'est le contexte de la mort qui est assez flou.

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