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― ... Et tu sais ce qu'elle m'a répondu ?
Elle est trop proche, je sens sa chaleur, l'odeur de fleurs fanées.
Je secoue mécaniquement le menton de gauche à droite.
― C'est ça. Elle m'a dit non. Haut et clair. Tranchant. J’avais huit
ans. Je n'ai pas compris. Elle m'a déclaré qu'elle préférait encore
que je lise des récits de guerres plutôt que je me monte la tête avec
des boniments sur les fabliaux. Que rêver n'avançait jamais à rien
dans la vie. Que je devrais m'y faire le plus tôt possible.
J'ouvre des yeux ronds. Son ton est calme et posé, comme si elle
racontait une anecdote de son enfance avec la plus douce des
nostalgies. Mais ses prunelles, elles... content une tout autre
version.
― Quand elle m'a trouvé avec le livre de mon amie plusieurs
mois plus tard, elle m'a giflée. Et maintenant, je comprends. J'ai bu
ces histoires, j'en avais besoin. J'avais une sensation crue
d'injustice à la maison, que ma mère ne m'aimait pas, que je n'avais
pas droit de rêver, mais tout est clair à présent... C'est limpide.
Elle pose ses mains sur mes avant-bras croisés contre mon
plexus solaire. Elle me touche...
― Ma mère était psy, tu sais, avant. Je te l'ai dit ? Elle s'est fait
rayer de l'ordre des médecins pour avoir couché avec un patient.
Elle avait ses propres méthodes pour soigner les gens qui croyaient
aux contes de fées, qui s'y accrochaient... ceux qui ne voulaient pas lâcher prise comme moi.
Ses doigts agrippent mon sweat et son regard dévie vers le bas de ma figure :
― Mieux vaut accepter même si ça fait mal, pas vrai ?...
Elle s'avance, près, trop près. Non. Je la bloque par les épaules.
Elle s'avance, près, trop près. Non. Je la bloque par les épaules.
― Qu'est ce que tu fais ?
Même si je connais la réponse, ça me démonte tellement que la question sort toute seule.
Même si je connais la réponse, ça me démonte tellement que la question sort toute seule.
― J'accepte...
Ne fais pas ça. Pas comme ça. Ça te rend..."
Ne fais pas ça. Pas comme ça. Ça te rend..."
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